Après huit heures d’avion ponctuées par un changement à Moscou, nous arrivons le 12 juin 2011 au petit matin à Bichkek, capitale du Kirghizistan, pour un trek de deux semaines. Adossée notamment à la Chine et au Kazakhstan, cette ancienne république soviétique est un pays essentiellement montagneux et rural, dont l’économie est pour une grande part basée sur l’agriculture.
Le jour de notre arrivée, nous visitons la ville et en particulier son marché, où tout peut se trouver : produits laitiers, viande, légumes, fruits secs, tapis, vêtements, babioles… Le lendemain, nous partons pour le début du trek en compagnie de Mourad (guide), Salamat (assistant guide), Nourlan (cuisinier et chanteur talentueux) et Constantin (chauffeur).
La première étape est facile et nous rencontrons pour la première fois des nomades (dont une petite fille effrayée par les appareils photo), tous sont très chaleureux et accueillants. Par la suite, le trek se corse à coups de longues journées et de passages de cols à plus de 3000m d’altitude. Mais nous découvrons alors des paysages inattendus pour nous qui sommes habitués aux Alpes : larges vallées herbeuses et immenses pâturages, à perte de vue. Conséquence du climat humide, tout est vert, et ce jusqu’à des altitudes élevées puisqu’il faut monter à plus de 3400m pour trouver la limite de la végétation.
Chaque jour, nous rencontrons des nomades ; chaque famille nous accueille et nous propose pain, crème, confiture de cassis sauvage ou d’arbousier, mais aussi la spécialité locale, le kumiz (lait de jument fermenté), au goût aigre très fort. Les nomades vivent dans des yourtes l’été pour faire paître leurs troupeaux en altitude, une vie de montagne traditionnelle en somme. Malgré la barrière de la langue, c’est toujours un grand plaisir pour nous d’échanger avec eux.
Durant le trek, nous découvrirons l’équitation et passerons une soirée extraordinaire grâce au talent et à la gentillesse de nos amis kirghizes, qui improviseront une fête pour l’anniversaire de Béatrice, participante au trek. Repas de gala, gâteau d’anniversaire, chansons, cadeaux pour l’intéressée et… vodka, cognac et pastis pour Constantin.
Le Kirghizistan est aussi un pays pauvre et nous en avons un aperçu au col routier de Kyz-Art, où des commerçants sont installés dans des roulottes. Ils vendent principalement la production laitière des nomades, ainsi que de l’alcool et un peu de nourriture. Au contraire des nomades, toujours accueillants et souriants dans des yourtes impeccables, les commerçants du col de Kyz-Art semblent très méfiants à notre égard, et la saleté des lieux donne un aspect miséreux au décor.
Le dernier jour de marche, nous passons le col de Turz Achou. 3200m d’altitude, 700m de dénivelée positive : sur le papier, nous avons fait plus difficile. Cette montée sera pourtant exténuante à cause du vent et de l’arrivée qui semble se dérober à chaque virage. Mais la vue au sommet est à la hauteur de nos efforts : le paysage est grandiose. Le lac Song-Kul, comme au milieu d’un écrin formé des montagnes qui l’entourent, mérite bien son surnom de Perle du Kirghizistan. A la descente vers le lac, nous devons nous abriter dans une yourte à cause de la pluie qui s’est ajoutée au vent. Nous y restons un long moment, le temps de déjeuner, de boire du thé, et de faire des photos des enfants, comme d’habitude. Parmi les membres de la famille, il y a un garçon de seize ans. Béatrice et moi constatons qu’il a une attitude d’adolescent qui ressemble beaucoup à celle des jeunes européens. C’est amusant de voir que malgré l’énorme différence de culture et le mode de vie totalement différent, un adolescent reste un adolescent.
Après deux jours de repos, de balades et de cheval au bord du lac, nous partons pour les rives d’un autre lac, le lac Issyk-Kul, situé plus à l’est et beaucoup plus grand. Sur la route, nous faisons halte à la coopérative des femmes, dans la ville de Kochkor, où est fabriqué le feutre pour les yourtes à partir de la laine de mouton.
La fin de la route vers le lac Issyk-Kul est un canyon creusé dans le sable et qui a des airs de Badlands, ces concrétions sableuses dans le Dakota du Sud, aux Etats-Unis. Au loin, nous aperçevons des sommets enneigés. Nous passons deux jours au bord du lac à nous reposer.
Enfin, retour à Bichkek ; un tour au marché, à la poste et au magasin de souvenirs. Dernière soirée au restaurant avec nos amis kirghizes ; nous disons au revoir à un Nourlan ému qui rentre chez lui et ne nous accompagnera donc pas pour aller prendre l’avion. Nous allons nous coucher ; quelques heures plus tard, Salamat nous réveille, Mourad vient nous chercher et Constantin charge nos affaires dans le bus, puis nous prenons le chemin de l’aéroport.
Je sais que nous rentrons pour repartir un jour.